Enseignement de l'expérimentation Prius à Strasbourg

Je sais, ce n'est pas une 100% électrique ...

Pour ceux qui l'ignoreraient, EDF et Toyota ont mené à Strasbourg une expérimentation en situation réelle de la Prius. VOici un article qui parle des enseignements de cette expérimentation : Test de la Prius rechargeable à Strasbourg

Et voici les résultats :

L’étude confirme également la corrélation entre la consommation de carburant et la fréquence des recharges en électricité. Plus le véhicule est rechargé fréquemment, plus il roule à l'électricité et plus l’économie en carburant est importante. Ainsi, on obtient une réduction de près de 70 % de la consommation de carburant quand le véhicule est rechargé 1,6 fois en moyenne par jour, (ce qui représente une économie de 1.400 euros par an).

...

Principal enseignement : 60 % des charges sont effectuées sur le lieu de travail et 37 % au domicile des utilisateurs, pour un coût moyen de 30 centimes d'euros. Les bornes en voirie constituent un complément de charge apprécié par les utilisateurs.

Il serait bon que cet enseignement serve aux élus pour développer le plan de déploiement des bornes publiques. L'idéal serait d'en mettre prêts des endroits où il y a des concentrations d'entreprises avec peut-être des services de navettes, électriques bien sûr, entre les parkings équipés et les lieux de travail.

Cet article est plus complet : Toyota et EDF tirent les conclusions de l'expérience Prius Hybrid à Strasbourg

Standardiser pour l'Europe
Grâce à cette expérimentation, les véhicules électriques et hybrides rechargeables ont peu à peu trouvé leur place dans le paysage urbain strasbourgeois. L'expérimentation strasbourgeoise s'achève, mais la Communauté urbaine de Strasbourg poursuit son action. Engagée dans le programme transfrontalier Cross Border Mobility for Electrical Vehicle (CROME), elle a déployé de nouvelles prises qui répondent au standard européen, dont certaines permettent la charge complète d'un véhicule électrique en 2h. "L'extension du réseau doit être une incitation, l'enjeu est d'arriver à un maillage dense et une rapidité de recharge afin que les automobilistes optent pour le mode de transport le plus pertinent et la voiture la moins polluante possible", résume Alain Fontanel, Adjoint au Maire de Strasbourg et Vice-président des Finances en charge de l'électro-mobilité de la Communauté urbaine de Strasbourg.

Et j'ai trouvé le communiqué de presse qui a permit la rédaction de ces articles, il fait 4 pages : Projet d’expérimentation de véhicules hybrides rechargeables : 46% d’économie de carburant après trois ans

Parmi les enseignements liés aux pratiques de la recharge, le principe d’un câble branché en permanence au point de charge du domicile ou en entreprise est apparu comme un facteur évident de simplification d’usage. Un deuxième câble est néanmoins souhaité pour les charges publiques occasionnelles.

Léonard a écrit:[...]

[...]Principal enseignement : 60 % des charges sont effectuées sur le lieu de travail et 37 % au domicile des utilisateurs, pour un coût moyen de 30 centimes d'euros. Les bornes en voirie constituent un complément de charge apprécié par les utilisateurs.

Il serait bon que cet enseignement serve aux élus pour développer le plan de déploiement des bornes publiques. L'idéal serait d'en mettre prêts des endroits où il y a des concentrations d'entreprises avec peut-être des services de navettes, électriques bien sûr, entre les parkings équipés et les lieux de travail.

Personnellement, je n'y crois pas. Vu le consentement à marcher du Français moyen entre son lieu de stationnement et son lieu de destination (qui l'amène à préférer stationner en double file à 50m plutôt que régulièrement à 200m - vu (et entendu !) la semaine dernière...), c'est directement dans les parkings des employeurs qu'il faudrait le prévoir. En plus, si on parle d'une borne à l'accès un peu restreint, on peut envisager une protection moindre que sur voirie donc des coûts moins importants. Dans de nombreux cas, il peut même s'agir de coffrets. La charge sur son lieu de travail n'est d'ailleurs pas toujours liée à d'autres fonctions (ex. des zones d'activité) et les véhicules ont tendance à stationner longtemps. Est-ce à la collectivité d'assurer des charges longues ? A voir...

Si on approfondit justement ce point, cette étude est très intéressante... pour le VHR ! Je pense que les auteurs de l'expérimentation maitrisent parfaitement ce point mais il faut qu'on fasse attention dans notre commentaire : un véhicule dont l'autonomie en mode tout électrique avoisine les 20km n'a pas les mêmes problématiques qu'un véhicule dont cette autonomie dépasse les 80 ou même les 100km. Pour le dire plus simplement : la proportion des possesseurs de véhicules 100% électriques qui auront besoin (j'ai bien dit "besoin") de recharger leur véhicule sur leur lieu de travail est extrêmement faible. Le commentaire de l'étude sur le site de l'AVERE souligne justement que les bornes sur voirie ont un rôle complémentaire et essentiellement de "réassurance".

Les questions à se poser, à mon avis, sont :

• pourquoi voudrais-je me recharger ? Est-ce que c'est indispensable ? (oui si, par ex., mon trajet quotidien dépasse l'autonomie du véhicule)
  
• Est-ce que c'est indispensable tous les jours ou occasionnellement ? (oui, occasionnellement, si, par ex., pas possibilité de faire autrement que de me déplacer en voiture, je n'ai pas de 2e voiture, pas envie de l'utiliser, pas envie d'en louer une, etc.)
  
• Si c'est indispensable occasionnellement, quel type de charge correspondrait à mon besoin ?
  
• Si le type de charge m'oblige à stationner un certain temps pour acquérir l'autonomie nécessaire pour le retour, y a-t-il des services à proximité qui m’intéresseraient pour meubler l'attente ?
  
• Si la charge n'est pas gratuite, suis-je prêt à payer ? Combien ?
  
• Si je ne peux pas payer directement sur la borne et qu'il faut s'inscrire au préalable, suis-je prêt à anticiper cette problématique ?

Bref, j'ai peut-être oublié des questions mais il y en a déjà un paquet !

Il y a deux grands usages possibles de la charge sur la voie publique :

• La charge principale pour ceux qui ne peuvent pas le faire à domicile
  
• La charge occasionnelle

La deuxième, comme son nom l'indique restera à mon avis d'autant plus occasionnelle qu'elle sera payante, que, dans un premier temps, elle nécessitera de s'inscrire au préalable, que des problématiques de câbles pourront se poser dans certains cas (voilà une question que j'avais oubliée ! ), que le temps nécessaire et les services à proximité pourront éventuellement ne pas me satisfaire.

Quant à la première, c'est un peu comme privatiser l'espace public. Je ne sais pas si ça passerait... En plus, vu les coûts d'installation, ça voudrait dire une borne pour deux ou trois véhicules (à supposer qu'ils ne veuillent pas se charger en même temps) et vu les chiffres attendus en 2020, même avec 50% de subventions de la part de l’État, ça ne sera pas tenable pour les collectivités ! D'ailleurs, l'enveloppe est de 50 M€ et, à ce train, elle serait très vite épuisée !

Bon, tout n'est pas noir pour autant ! Je pense que sur voirie, il faut un réseau permettant de se rassurer (on sait que si besoin, on peut se brancher) et faire des charges d'appoint (avoir suffisamment pour boucler l'aller/retour). Je pense qu'il faut surtout que l’État continue à creuser les questions de la charge à domicile et sur le lieu de travail. Là, ça pourrait coûter moins cher à tout le monde et ça correspondrait mieux, de toute façon, aux usages. En parallèle, aider les grandes et moyennes surfaces à s'équiper et les parkings souterrains. Mais la voirie, ça me semble, à bien y réfléchir, une fausse bonne idée : ça coûte plus cher qu'ailleurs et quand on creuse, si on exclut la charge principale, ça correspond pas à tant d'usages que ça !

J'utilise beaucoup ma Zoé pour faire des allers-retours maison-boulot. Et en plein hiver (ou en plein été) elle va stationner pendant 9h en plein vent (ou en plein soleil). La recharge à mon boulot m’offrirait un gros avantage en hiver : être sûr de repartir avec une voiture chauffée et en étant sûr de pouvoir rentrer chez moi. Il n'y a qu'environ 35 km, mais quand il fera moins 12°C. Ou alors je devrais prendre une voiture thermique en hiver ... En été, je pourrais repartir avec une voiture fraîche. Je sais, ce sont des éléments de confort, mais quand on a 55 ans et qu'on est sujet aux sinusites, ça compte. Mes courses, je vais les faire à moins de 20 km de chez moi ... donc une borne sur le parking de la zone commerciale ... Et je ne vais pas aller au Cora de Strasbourg pour vérifier s'ils ont une borne de recharge rapide ou lente. En fait, je me dit que la meilleure façon pour moi d'aller à Strasbourg est de faire 2 km en Zoé, jusqu'à la gare de Colmar, puis de prendre un RER, puis le tram et idem au retour.

En fait, ce qui est important, c'est les usages des véhicules. La Zoé est adaptée aux trajets réguliers proche du domicile. Quand on regarde les stats, elle correspond à 90% des usages des gens. La majorité des utilisateurs d'un véhicule font des trajets qui sont inférieurs à 100 km par jour. Il reste l'escapade pour les vacances ou les week-ends. Après, il y a les professionnels de la route qui font des trajets supérieurs à 100 km par jour et ceux-là, ils miseront plus sur un véhicule hybride.

On est d'accord !