Connaissez-vous l'échelle TRL ?

TRL pour Technology Readiness Level, soit niveau de maturité technologique : Wikipedia : TRL

C'est un outil qui permet de communiquer sur le niveau de maturité technologique d'une technologie. Il est important de bien se rappeller que l'on parle ici de technologie. En fait, le niveau 1, c'est quand on a démontré scientifiquement, souvent en laboratoire que les principes de bases sont observés et rapportés. Bref, c'est quand on essaye de transformer en objet réel une découverte scientifique.

Cette échelle à 9 niveaux. Le 9ème niveau, la technologie est prête à être déployée industriellement.

Quand on regarde les différents niveaux, on comprend pourquoi de nombreuses découvertes scientifiques n'ont jamais réussi à passer de la "paillasse" au niveau industriel. Puisqu'il suffit que l'on n'arrive pas à passer un niveau pour que tout s'arrête. Ou qu'une autre technologie s'avère plus rentable.

En fait, en ce qui concerne les diverses technologies des VE, cette échelle explique aussi pourquoi certaines découvertes annoncées n'aboutissent pas. Au fait, les sommes dépensées pour aller d'un niveau à l'autre se multiplient au fur et à mesure que l'on monte dans l’échelle. Par exemple, pour passer du niveau 1 au niveau 4, il faudra peut-être dépenser 1 million d'euros. Mais pour passer de 5 à 7, il faudra multiplier cette somme par 10 (voire plus) et pour passer de 7 à 9, il faudra encore multiplier cette seconde somme par 100 ou 1000...

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En fait, les niveaux 1, 2 et 3 sont le domaine de la R&D. De 4 à 6, on est dans l'innovation industrielle. De 7 à 9, on est en phase d'industrialisation. Certains nomment le passage de 5 à 9 de "Vallée de la mort", car c'est à ce niveau-là que disparaissent 90% des projets

J'ai l'impression que cette échelle ne dépassera pas le stade TRL 1.

Il manque plusieurs éléments : produit attendu ? contexte favorable ? Coût compatible avec les moyens de la clientèle visée ? Compatibilité avec la culture ambiante ?

Cette échelle existe depuis plusieurs années. Elle est en cours de généralisation. Théoriquement, pour accéder à un financement européen en 2020, il faudra se positionner sur cette échelle. Et on regardera l'avancement du projet pour fournir des subsides supplémentaires. Bref, le but serait de ne plus financer certains projets à fonds perdus

Mais, les points que tu soulève sont pertinents. On a déjà vu des technologies très prometteuses ne pas réussir à s'imposer simplement parce que l'on n'a pas tenu compte des besoins ou des gouts du public.

Je pense que que cette échelle est utilsée en R&D pour de nouvelles technologies ( maturité technologique d'un projet et non d'un produit ) et n'a que peu de lien avec un monde marchand.
Mais il ne faut pas oublier au final la question de coût ( ou plutôt rapport coût / valeur ajoutée ),même pour une technologie, dans le monde réel, sauf si on est subventionné pu qu'on puise dans des fonds publics bien sûr ...

On sait faire des voitures électriques depuis pas mal de temps (voir mon avatar). Certes le savoir-faire est de plus en plus pointu, mais pourquoi est-ce seulement maintenant que la mayonnaise a l'air de prendre ?

La réponse c'est la conjonction de tas de paramètres aussi peu définissables que le "contexte", "l'air du temps", la politique, la géopolitique, la volonté de quelques décideurs ...

Pas facile à définir tout ça !

Cette échelle TRL n'est qu'un maillon de la chaine.

Zébulon a écrit:On sait faire des voitures électriques depuis pas mal de temps (voir mon avatar). Certes le savoir-faire est de plus en plus pointu, mais pourquoi est-ce seulement maintenant que la mayonnaise à l'air de prendre ?

La réponse c'est la conjonction de tas de paramètres aussi peu définissables que le "contexte", "l'air du temps", la politique, la géopolitique, la volonté de quelques décideurs ...

Pas facile à définir tout ça !

La réponse est pourtant simple et connue. Pendant de longues décennies, le pétrole a été une source d'énergie qui semblait facile à mettre en œuvre, peu polluante (par rapport à celles qu'elle a remplacée), très, très bon marché. Il faut ajouter que depuis l'origine, bois ou charbon, on a rarement tenu compte des "externalités" provenant de l'utilisation des diverses sources d'énergie. Les rejets se sont faits en toute légalité et sans aucun contrôle directement dans l'environnement. En fait, même actuellement, si on supprimait toutes les subventions, il serait plus économique d'utiliser un moteur thermique. Mais, cela coûterait plus cher aux collectivités. Car la non-prise en compte des dépenses entrainées par l'utilisation massive de véhicules individuels propulsés aux carburants fossiles a un impact non négligeable sur notre environnement et sur la santé des gens. Donc, on paye la remise en étant des monuments et des bâtiments noircis, mais aussi attaqués par les rejets, on paye les jours de travail perdus à cause des maladies générées par la pollution...

Effectivement, cette échelle sert à montrer l'avancement technologique d'un projet, en parallèle, il y a aussi des discussions sur l’adéquation avec les règlementations, avec le marché, les rendements éventuels, ... Tout cela est affiné au cours des diverses études préliminaires et participe à la fameuse vallée de la mort. La réussite technologique n'est effectivement pas tout et je pense que l'on va intégrer aussi dans les études qui apparaissent dans cette échelle au niveau TRL7 "Démonstration d'un prototype du système dans un environnement opérationnel". C'est à ce moment-là que le système devra faire sa démonstration d'aptitude à remplir le rôle attendu dans l'environnement réel. Par environnement réel, on entend aussi l'environnement réglementaire et commercial.

C'est ce qu'on nommait, ces dernières années, le Go/NoGo de la direction ou managérial : le système est prêt à être industrialiser, on sait comment il faut faire, on sait comment on va construire les usines nécessaires à sa réalisation, on sait le prix auquel on va le vendre, les marges bénéficiaires attendues. Tous les directeurs (techniques, marketing, publicitaire, financiers, ...) sont autour de la table et avancent leurs arguments et à la fin, tout le monde donne son avis et le PDG tranche. En fait, il est très rare qu'à cette réunion décisionnelle on décide "No Go", souvent les problèmes importants sont soulevés depuis un moment et ont été résolus. On peut considérer qu'un "No Go" à ce moment-là est un vrai accident industriel

Je suis d'accord ... mais je ne pense pas que la réponse soit si "simple et connue". Il y a par-dessus tout ce réseau d'arguments factuels incontestables (le pétrole, sa vie, son œuvre), une couche supérieure de paramètres qui relève plus des sciences humaines que des sciences dures (et des techniques de gestion de projet bien ordonnées) et cela, ça rentre difficilement dans une équation.

C'est d'ailleurs ce qui fait le charme de la chose, sinon on s'ennuierait royalement.

Pour faire fonctionner nos sociétés, il faut de l'énergie (et c'est vrai de tous temps, même chez les chasseurs-cueilleurs). Le pétrole a été une source d'énergie très bon marché si on compare sur les temps historiques. Du coup, chacun d'entre nous bénéficie de l'équivalent énergétique d'environ une cinquantaine d'esclaves. C'est une moyenne, plus on monte dans les classes sociales, plus on profite de tout cela.

A un moment, la mobilité électrique est apparue comme moins évidente. On restait dépendant d'un câble ou de l'autonomie d'une batterie. Alors que l'on pouvait faire fonctionner des moteurs durant des heures avec un réservoir de carburant de taille sensiblement inférieure. Bref, le moteur thermique a permis la motorisation de notre vie de tous les jours. Pour notre avantage, mais en nous faisant subir les inconvénients de son utilisation..

Quand le pétrole imbibait toute notre vie sociale, il était difficile de vouloir s'en défaire. Donc, oui, à un moment, de nombreux facteurs (tous ceux que tu cite) militaient pour l'utilisation sans limite des carburants issus du pétrole.

Pour revenir à l'échelle TRL, il ne faut pas se faire d'illusion, avant son existence, elle était déjà évoquée, dans le sens où l'on parlait de phase pré-industrielle, de technologie en cours d'industrialisation, ... Mais le problème était qu'il était compliqué de lire à travers les mots où on en était effectivement dans le long processus qui va de la fin de la séquence scientifique au début de la séquence industrielle.

Si on prend l'exemple de l'Airbus A400M, il faut reconnaitre qu'il a vécu une très, très longue phase d'industrialisation. On pourrait même prétendre qu'il n'en est pas encore sorti et qu'il n'est pas prêt d'en sortir. Si l'on avait utilisé l'échelle TRL, on aurait peut-être vu plus vite que le projet était complètement bloqué lors de certaines phases. Cette échelle a un double but. Premièrement permettre aux concepteurs de communiquer l'avancement de leurs projets. Deuxièmement, permettre aux décideurs de suivre cet avancement et de demander des comptes aux concepteurs si un projet n'avance plus.

R&D -> BE -> industrialisation -> commercialisation

C'est mon travail quotidien et la société ou je travaille est assez petit pour que je travaille sur toute la démarche d'un bout à l'autre.

Même si mes volume sont loin de l'automobile 1000 à 10000 par an par produit on utilise forcément le Principe TRL avec plus ou moins de justesse sur le suivie.

Mais il est sûr que le paramètre principalement occulté par le TRL est "l'adaptation au marché"

Aussi aboutie et testé que soit une technologie si elle n'est pas adapté à un marché elle retombe au niveau 2 car son expérimentation n'aura pas été faite en cohérence avec le marché.

Tout ça pour dire que la TRL est incomplète car elle ne prend pas en compte le fait qu'une technologie sans marché reste de la recherche et pas du développement.

Pour la pratiquer au quotidien (dans l'aero), un des critères de passage au niveau supérieur (je crois à partir de TRL5) est l'assurance d'avoir un "client" à la fin.
Car il est évident que développer une technologie à fonds perdus (i.e. sans retour sur investissement à la fin) n'est pas viable.
C'est pour cela que j'évite souvent de m'emballer quand on voit quelques fois sortir des articles sur des technos vendues comme hyper prometteuses à niveau TRL3/4, je sens que c'est surtout pour buzzer et attirer des investisseurs (pour pouvoir financer les steps suivants TRL4/5/6/... qui coutent très chers car demandent la fabrication de proto, à l'échelle, à les tester sur produit réel). Et je sais que pour attirer du financement, on a quelquefois tendance à montrer uniquement les bons points et à "omettre" les risques ou points durs.

Bref dès les premiers échelons TRL il faut théoriquement déjà montrer la viabilité économique du produit final.